Premières Nations : Une culture où vieillir rime avec respect

Le 21 juin marque la journée nationale des peuples autochtones, une communauté inspirante que je côtoie à la Maison des aînés de Manawan. Il était donc, pour moi, tout naturel de souligner cette date importante. Pour ce faire, j’ai voulu mettre en lumière le rôle des aînés, des personnes à la fois aimées, respectées et profondément enracinées dans la vie collective des Premières Nations.

Pour mieux comprendre leur vision du vieillissement, j’ai tendu l’oreille à Jacinthe Petiquay, une kokom (grand-maman) que je connais bien, et qui est impliquée dans la communauté de Manawan. D’ailleurs, elle est fière de souligner être mère de 4 enfants et kokom de 21 petits enfants (dont deux qui arrivent cet été!).  Elle m’a parlé de son rôle, de sa perception du temps qui passe et de l’amour inébranlable qu’elle porte à ses nombreux petits-enfants.

Kokom Suzanne (Tcotcan) nous enseigne à Amélie, ma collègue et amie, les secrets de la banique et des pommes de terre maison, préparées sur un feu traditionnel. Un moment qui incarne la valeur inestimable de nos aînés.

Vous verrez : il y a beaucoup à apprendre de leur façon de percevoir le vieillissement, l’implication des aînés auprès des jeunes générations, et leur rôle essentiel dans leur communauté. En nous inspirant de leur richesse culturelle, nous pourrions, nous aussi, réapprendre à donner la juste place à celles et ceux qui nous ont précédés.

Kokom, une source inépuisable de réconfort

Dans les communautés autochtones, la maman est le symbole de l’autorité et de l’éducation au sein du foyer. La kokom, quant à elle, est grandement respectée par les enfants et leur enseigne la vie : les plantes, la cuisine, le savoir-vivre, et bien plus. Kokom de 19 petits-enfants, bientôt 21, Jacinthe sait à quel point le foyer des grands-parents est synonyme de chaleur et de réconfort. « On s’assure qu’ils ne manquent de rien, qu’ils aient bien mangé, qu’ils dorment bien. Lorsque je suis avec mes petits-enfants, je les prends dans mes bras, même celui de 23 ans. Quand il vient chez moi, je lui prépare un bon souper et je prends soin de lui. Il me dit : je t’aime, kokom. »

La métaphore du canot

Dans la communauté Atikamekw, la relation entre les grands-parents et les petits-enfants s’apparente à un voyage en canot, une aventure où chacun a un rôle essentiel à jouer. Jacinthe s’explique : « À l’arrière, le mocom (le grand-papa), guide le canot avec assurance pour maintenir le cap. La kokom, quant à elle, se tient à l’avant, scrutant l’horizon pour protéger la famille des dangers. » Ainsi, tous ensemble, ils rament dans la confiance et la bienveillance afin que chacun se sente aimé et en sécurité.

Vieillir comme kokom

Ici, une photo de 2018 que Jacinthe Petiquay m'a gentiment transmise. Même si la photo est un peu floue, elle capture parfaitement l'authenticité et la proximité de notre kokom avec quelques-un ses petits-enfants.

Pour Jacinthe Petiquay, la naissance de chaque petit-enfant représente une immense source de joie. Elle ajoute avec fierté que chaque bébé est une petite lumière qui arrive sur Terre. Vieillir est donc une période parsemée de bonheur, une étape de vie où elle fait plus que jamais une différence dans sa famille. « Je vais être kokom pour la 21e fois, et c’est toujours différent, toujours si précieux. »

Dans sa culture, vieillir n’est pas une épreuve, mais une occasion unique de protéger, de guider, de transmettre… et d’aimer.

Et si on s'inspirait de cette magnifique vision du vieillissement?